4. L’ouverture des économies



L’ouverture des économies a permis une forte progression des échanges internationaux, notamment depuis la Seconde Guerre mondiale, même si tous les pays et les secteurs d’activité ne se sont pas ouverts au commerce international avec le même degré. Ces échanges conduisent à des paiements internationaux, c’est-à-dire à des règlements en monnaie étrangère. En fonction de l’évolution des cours des monnaies, les agents économiques sont amenés à faire des arbitrages pour optimiser leurs opérations économiques.

I. La mesure des échanges de biens et de services

A. Le compte des transactions courantes

Le compte des transactions courantes est un compte qui retrace l’ensemble des échanges entre la France et le reste du monde. Il se décompose en quatre postes :

  • les opérations sur biens (donnant lieu à l’établissement de la balance commerciale) ;
  • les opérations sur services ;
  • les revenus des facteurs de production (salaires, dividendes, intérêts, etc.) ;
  • les transferts courants (contributions aux ressources des budgets communautaires, dons, etc.).

Au crédit du compte des transactions courantes sont enregistrés les exportations de biens et de services ainsi que les revenus et les transferts courants reçus de l’étranger. Au débit de ce compte sont enregistrés les importations de biens et de services ainsi que les échanges de services, des revenus et transferts courants.

Le solde de la balance des transactions courantes (crédit – débit) est excédentaire lorsque les exportations de biens et de services ainsi que les revenus et les transferts courants reçus de l’étranger sont supérieurs aux importations et aux revenus et transferts courants versés à l’étranger.

Dans le cas contraire, elle est déficitaire.

Le déficit commercial de la France a atteint le record historique de 73,5 milliards d’euros en 2011. Il s’agit de la huitième année consécutive de déficit des échanges commerciaux français.
Cela est dû pour partie au renchérissement des produits énergétiques qui pèsent dans les importations.

B. Les autres instruments de mesure des échanges

1. Le degré d’ouverture d’une économie

On mesure le taux de participation d’un pays au commerce international de biens et de services grâce à son degré (ou taux) d’ouverture.

Degré d’ouverture = Moyenne des exportations et des importations / PIB x 100

Le degré d’ouverture des premières puissances mondiales est très variable selon les pays et ne dépend pas uniquement de leur poids en volume dans le commerce international. Il dépend de la taille des pays et du degré de spécialisation de«leur production.

La taille d’un pays est un facteur déterminant pour expliquer l’ampleur de son ouverture au commerce mondial, en raison de la spécialisation de ses activités productives qui nécessitent de recourir davantage aux importations pour satisfaire les besoins de la nation et de vendre à l’extérieur l’excédent de sa production. Exemple : le taux d’ouverture de la Belgique est de plus de 90% en 2011.

Un pays faiblement diversifié aura davantage recours aux importations car il devra importer davantage pour combler les besoins de sa population auxquels il ne peut répondre grâce à sa production nationale.

Ainsi, de petits pays comme les Pays-Bas ou la Belgique ont des taux d’ouverture élevés (75 % et 91 %) alors que celui des États-Unis est de 12,4 % seulement du fait de la diversité de sa production lui permettant de moins dépendre de l’extérieur.

Le degré d’ouverture de la France est d’environ 24% en 2011 pour le seul commerce de marchandises.

2. Le taux de couverture

Le taux de couverture permet de comparer, pour une économie ou un secteur particulier, les exportations et les importations, celles-ci étant mesurées en valeur ou en volume. Si le commerce extérieur d’un pays est en équilibre, le taux de couverture est de 100 %. Taux de couverture = Valeur des exportations / Valeur des importations x 100

II. L’évolution des échanges internationaux

A. La forte progression des échanges

On assiste à une très forte croissance, en volume, du commerce international depuis le début du XXe siècle. Les échanges ont, en outre, connu une accélération importante au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Les exportations ont toujours cru à un rythme supérieur à celui de la production mondiale.

Depuis les années 1950, les échanges ont été multipliés par 10 pour atteindre en 2011 la somme de 22 366 milliards de dollars. Cependant, la crise financière de 2007 a brutalement ralenti la progression des échanges.

B. La diversité des degrés d’ouverture selon les secteurs

1. Le commerce mondial de marchandises

Le commerce international des marchandises représente plus de 80 % des échanges mondiaux. Cependant, les trois catégories de marchandises n’ont pas connu la même progression : les produits manufacturés représentent aujourd’hui près de 70 % du total, ils ont été multipliés par plus de 70 depuis 1950.

Les produits des industries extractives et les produits agricoles connaissent une évolution plus modérée. Au cours de la période récente, le commerce de produits des industries extractives, et en particulier du pétrole, a connu d’importantes fluctuations du fait d’une extrême volatilité des cours : forte baisse du pétrole en 1998, suivie d’une remontée en 2000, puis une ascension jusqu’à environ 150 $ le baril pendant l’été 2008. La part des échanges de produits agricoles représente à peine 10 %.

2. Le commerce mondial de services

Les services commerciaux sont relativement abrités de la concurrence internationale : ils représentent à peine 20 % des échanges mondiaux en 2011.

Toutefois, les échanges de services se sont considérablement développés : ils ont été multipliés par 8 entre 1987 et 2011. Leur croissance a été plus rapide que celle des biens jusqu’à la fin des années 1980, mais ce n’est plus le cas depuis. Cette moindre progression s’explique par la stagnation, voire la baisse des prix des services, ayant pour conséquence une moindre valorisation, en valeur, par rapport aux échanges de marchandises et surtout par les mesures de protection des différents pays contre les prestataires de service étrangers : des mesures réglementaires (législation sociale et fiscale) peuvent rendre difficile l’accès au marché national.

C. L’évolution de la répartition géographique des échanges

Aujourd’hui, le commerce mondial est dominé par les pays d’Europe et d’Asie. L’Europe réalise d’ailleurs aujourd’hui plus de 30 % du commerce mondial, dont les deux tiers sont des échanges intra-européens.

Cependant, la répartition géographique des échanges a considérablement évolué depuis la Seconde Guerre mondiale :

  • Depuis les années 1950 jusqu’au début des années 2000, les pays développés occupent une place prépondérante dans le commerce mondial, entre la moitié des échanges mondiaux jusqu’à atteindre plus des 2/3 des échanges dans les années 1980.

On parle de La Triade pour désigner l’ensemble des trois pôles qui dominent l’économie mondiale : l’Amérique du Nord (États-Unis et Canada), l’Europe occidentale (Union européenne, Norvège et Suisse) et l’Asie-Pacifique (Japon et Corée du Sud). D’ailleurs, ces pays commercent essentiellement entre eux.

  • Depuis le début des années 2000, le poids des pays développés est en nette baisse. En effet, on assiste à l’explosion du poids des pays en développement dans le commerce mondial, et notamment des pays asiatiques.

Ils réalisent aujourd’hui plus de la moitié du commerce international contre 30 % dans les années 1950.
Les pays les moins avancés (PMA) comme ceux d’Afrique et d’Amérique du Sud ne participent que très faiblement au commerce international. La faiblesse du poids des pays pauvres est une constante de la répartition du commerce mondial.



III. Les opérations de change

A. Le marché des changes : une nécessité pour les règlements internationaux

1. Les modalités des règlements internationaux

Les pays échangent entre eux des biens, des services, des travailleurs et des capitaux. Ces échanges internationaux donnent ainsi lieu à des paiements internationaux, nécessitant des opérations de change.

Une opération de change est une opération de conversion d’une monnaie dans une autre monnaie, appelée « devise ». Elle est nécessaire’ à un échange économique entre des agents économiques n’utilisant pas la même monnaie.

De manière générale, le taux de change est le prix relatif d’une monnaie par rapport à une autre. Le taux de change d’une devise (une monnaie) est le cours (le prix) de cette devise par rapport
à une autre. On parle aussi de la « parité d’une monnaie ».

Par exemple, le taux de change de l’euro en dollars sera noté : 1 € = 1,27921 $ (taux de change au 25 mars 2013).

2. Le marché des changes

Le marché des changes est le lieu de rencontre fictif (il n’a pas d’existence réelle, les opérations s’effectuant grâce à des intermédiaires) entre l’offre et la demande de devises, qui aboutit à la formation du taux de change.

La confrontation de l’offre et de la demande de devises permet en effet la détermination du taux de change. /Par exemple, une offre supplémentaire d’euros sur le marché des changes pour obtenir des yens conduit, s’il n’y a pas d’autres opérations de change, à une hausse du yen (appréciation du yen) par rapport à l’euro (dépréciation de l’euro), si bien que, par la suite, il faudra davantage d’euros pour recevoir la même quantité de yens.

Inversement, une augmentation de la demande d’euros par rapport au yen entraînera une appréciation de l’euro par rapport au yen et une dépréciation du yen. Issu de la contraction des termes anglais «foreign » et « exchange », « Forex » est le surnom universellement donné au marché des changes, unique marché mondial qui fonctionne en continu, c’est-à-dire que les cours de change des différentes devises peuvent se modifier constamment, , en fonction des offres et des demandes qui apparaissent à un endroit de la planète.

3. Les intervenants sur le marché des changes

Plusieurs catégories d’acteurs interviennent sur le marché des changes :

  • les entreprises et les particuliers qui n’agissent pas directement mais transmettent aux banques et courtiers leurs ordres d’achat et de vente ;
  • les banques et les courtiers jouant le rôle d’intermédiaire (les opérateurs sont appelés des cambistes, ils négocient sur le marché des changes). Ce sont les seuls opérateurs privés à intervenir directement sur le marché ;
  • les Banques centrales intervenant sur le marché des changes pour réguler les fluctuations des cours et stabiliser leur monnaie ainsi que pour contrôler les changes.

B. Les décisions des agents économiques en fonction de l’évolution du taux de change

1. Les arbitrages des consommateurs

1.1. Les critères de choix des consommateurs

Pour prendre leurs décisions d’achat, les ménages arbitrent en fonction du prix des biens et de leur budget mais également en fonction d’autres facteurs, comme le degré de nécessité de chaque bien, l’image qu’ils veulent véhiculer par leur acte de consommation, etc.

Aussi, l’évolution des taux de change a une influence sur le prix des biens et donc sur les décisions des ménages. En effet, une appréciation du taux de change par rapport aux autres devises a pour conséquence de rendre moins chers les produits étrangers par rapport aux produits nationaux : les ménages auront intérêt à choisir des produits importés (voyages touristiques, importations de biens I durables, etc.). Inversement, une dépréciation des taux de change améliore la compétitivité des produits nationaux : les ménages auront intérêt à privilégier les produits nationaux.

1.2. L’élasticité de la demande par rapport aux prix

Cependant, ces arbitrages par rapport au prix seront fonction de l’élasticité-prix des différents biens : des produits ayant une élasticité faible seront peu sensibles aux variations du taux de change (voitures de luxe, produits de grande marque, etc.).

L’élasticité de la demande par rapport aux prix permet de mesurer l’effet d’une variation du prix sur les quantités demandées.

Élasticité-prix de la demande = Variation de la quantité demandée (en %)

Variation du prix (en %)

Un bien est dit élastique quand la demande varie sensiblement suite à l’augmentation du prix (élasticité supérieure al).

Un bien est au contraire inélastique quand la demande est peu sensible aux variations de prix (élasticité comprise entre 0 et 1).

Ainsi, les biens essentiels ont en général une demande inélastique ou rigide, tandis que celle des biens de luxe est élastique. De même, les produits pour lesquels il existe des biens de substitution (satisfaisant le même type de besoin) sont plus élastiques.

2. Les arbitrages des entreprises

2.1. La notion de compétitivité

Pour conforter leur stratégie, les entreprises doivent faire des choix en fonction de l’évolution de leur environnement (concurrence, évolution du marché, évolution des taux de change, etc.) de manière à rester compétitives. La compétitivité peut reposer sur deux types de leviers :

  • La compétitivité-prix, est l’une des formes de compétitivité qu’une entreprise peut choisir d’utiliser pour gagner des parts de marché. Elle repose sur la diminution du prix des biens ou des services qu’elle produit. Elle dépend des coûts de production (facteurs capital et travail), de l’objectif de marge que se fixent les entreprises et de l’évolution du taux de change.
  • La compétitivité hors-prix est une autre forme de compétitivité, qui repose sur des facteurs autres que le prix : la capacité d’innovation, l’amélioration de la qualité, l’efficacité du réseau commercial, le sérieux du service, le positionnement dans la gamme, l’image de marque, etc.

Cette forme de compétitivité entraîne généralement une hausse des prix de vente mais incite les consommateurs en recherche d’une meilleure qualité à acheter les produits de l’entreprise.

2.2. L’impact du taux de change sur les décisions de l’entreprise

L’évolution des taux de change a une influence sur les décisions des entreprises. Une appréciation du taux de change par rapport aux autres devises a pour conséquence positive de rendre moins chers les produits étrangers par rapport aux produits nationaux, mais il pénalise aussi l’économie en diminuant la compétitivité-prix des exportations par l’augmentation du prix des produits nationaux pour les partenaires extérieurs.

Les entreprises verront ainsi le coût des produits importés diminuer (matières premières, énergie, marchandises), de même qu’elles auront peut-être intérêt à délocaliser leur production de manière à profiter de coûts relatifs moins importants du travail et des investissements dans des pays où la monnaie est moins chère.

Inversement, une dépréciation, des taux de change améliore la compétitivité des produits nationaux, qui s’exporteront plus facilement, mais rend les importations plus onéreuses. Cependant, toutes les entreprises ne sont pas également soumises à la variation des taux de change. Les plus touchées sont celles qui participent activement au commerce international (les multinationales) et/ou qui ont une stratégie basée sur la compétitivité-prix et qui sont peu innovantes, pénalisées par une moindre compétitivité de leurs exportations. De même, certaines entreprises seront moins affectées par les variations du taux de change : celles qui importent et exportent beaucoup et qui ont une structure de coûts en dollars (achètent et vendent en dollars, par exemple) ainsi que les entreprises qui innovent ou développent leur image de marque, limitant ainsi la concurrence directe et pouvant donc plus librement fixer leurs prix.