5. Les fondements des échanges internationaux



Le développement des échanges internationaux est fondé sur un ensemble théorique qui s’est développé à partir de la fin du XVIIIe siècle, montrant les raisons et l’intérêt de la spécialisation de la production des nations puis la nouvelle répartition des activités au niveau mondial.

I. Les explications traditionnelles de réchange international

A. La justification de l’échange international

1. L’approvisionnement en biens non disponibles sur le territoire

Chaque pays ne peut produire l’ensemble des produits nécessaires à sa population. Ainsi, l’échange international permet à chaque nation de se procurer les biens indisponibles sur son territoire. Par exemple, les réserves françaises de pétrole sont extrêmement faibles et ne lui permettent pas de satisfaire les besoins des consommateurs et des entreprises françaises. La France doit donc en importer des autres pays mieux dotés en ressources pétrolières.

2. La théorie des avantages absolus (Adam Smith)

Les théories classiques (ou libérales) de l’échange international montrent que les nations ont intérêt à se spécialiser dans les productions pour lesquelles les coûts sont les plus bas. Les avantages de la spécialisation et de l’échange international ont été mis en évidence à la fin du XVIIIe siècle par Adam Smith (1723-1790), auteur classique anglais. Il fonde son analyse sur les avantages absolus qu’un pays peut posséder sur un autre. En effet, une nation détient un avantage absolu dans l’échange international lorsqu’elle produit et vend un bien à un prix inférieur à celui des nations concurrentes.

Ainsi, un pays aura intérêt à se spécialiser pour vendre la production dans laquelle il détient un avantage absolu et à se procurer auprès d’autres nations des produits à meilleur marché que s’il les produisait lui-même.

Cette spécialisation internationale mène à une division internationale du travail.

La théorie des avantages absolus présente une limite majeure concernant les nations ne disposant d’aucun avantage absolu.

B. Les critères de spécialisation des pays

1. La théorie des avantages comparatifs (David Ricardo)

David Ricardo (1772-1823), auteur classique anglais également, résout l’impasse de la théorie de Smith en montrant que chaque nation doit se spécialiser dans les productions dans lesquelles elle connaît le moindre désavantage, c’est à dire pour lesquelles elle dispose de la productivité la plus forte ou la moins faible vis-à-vis de ses partenaires. Cette production est celle pour laquelle elle détient un «avantage comparatif» lui permettant d’accroître la richesse nationale.

Un avantage comparatif est donc un avantage obtenu par une nation dans l’échange international lorsque, comparativement aux autres biens, son ‘désavantage sur un bien, en termes de coût et
de prix de vente, est moindre.

Grâce à l’échange international, les nations obtiennent une quantité de biens plus importante que celle dont elles disposaient sans spécialisation. Ainsi, les richesses mondiales augmentent.

2. La spécialisation selon la dotation en facteurs de production

L’analyse de David Ricardo est faite dans l’optique de l’économie classique, qui fonde la valeur des choses sur le travail nécessaire à leur production. Les différences entre pays sont essentiellement appréhendées en termes de productivité du travail. Les autres facteurs de production, notamment le capital (machines et équipements), sont négligés. Aussi, trois auteurs suédois, Heckscher, Ohlin et Samuelson, cherchent à expliquer la configuration des échanges. Le théorème HOS (ou théorie des dotations de facteurs) montre que les nations se spécialisent dans les productions qui incorporent une forte quantité de facteur de production qu’elles détiennent en abondance (donc, au départ, le moins cher). Ainsi, si une nation possède une main d’œuvre abondante comme la Chine ou l’Inde, elle aura intérêt à se spécialiser dans des productions qui nécessitent beaucoup de travailleurs (textile par exemple), car c’est un facteur qui lui coûtera peu cher comparativement aux autres.

II. Les nouvelles approches do commerce international

A. La réalité des échanges internationaux

II apparaît de plus en plus que les théories traditionnelles sont incapables d’expliquer les caractéristiques et l’évolution des échanges actuels.

La théorie ricardienne explique les échanges de produits différents entre pays différents. Mais dans les faits, l’essentiel du commerce international se réalise entre pays semblables qui s’échangent des produits substituables.

  • Le commerce intrabranche représente les échanges internationaux de produits réalisés à l’intérieur d’une même branche de l’industrie ou des services (branche agroalimentaire, branche aéronautique, etc.). Bien que la définition de la branche soit arbitraire, on admet généralement que les produits d’une même branche ont des caractéristiques technologiques communes ou qu’ils satisfont le même type de besoin.

Le développement du commerce intrabranche contredit l’idée d’une spécialisation des pays en fonction de leurs dotations en facteurs de production (théorème HOS), dès lors que des pays également dotés participeraient aux échanges internationaux dans les mêmes branches d’activité.

  • De même, le développement plus rapide des échanges entre les pays développés par rapport aux pays moins développés contredit les conclusions des théories classiques qui voudraient
    que chaque pays tire parti de l’échange international en se spécialisant dans les productions où il trouve un avantage.

B. Les apports des nouvelles théories du commerce international

À la suite de nombreux autres auteurs, Paul R. Krugman, économiste américain, met l’accent sur la différenciation des produits pour expliquer le développement des échanges intrabranches.

Les consommateurs désirant davantage de variété, les entreprises différencient leur production pour répondre à ce besoin et chercher à obtenir une situation de monopole en rendant leur produit unique. Dans ce cadre, l’échange international permet à la fois de répondre à cette demande de variété des consommateurs mais il permet également une mise en concurrence des entreprises aboutissant à une baisse des prix permettant d’augmenter le pouvoir d’achat des consommateurs.

III. La division internationale du travail (DIT)

A. La DIT reflète la spécialisation des pays

La division internationale du travail (DIT) désigne le fait que les pays se sont spécialisés pour produire certains biens économiques : ils ne travaillent pas tous sur les mêmes produits et, de ce fait, échangent entre eux leur production.

Cette spécialisation de pays ou zones repose initialement sur les simples avantages comparatifs des différents pays, pour évoluer vers une décomposition internationale du processus productif (DIPP) : les entreprises organisent et structurent leurs activités au niveau mondial.

La DIPP correspond au fait que les firmes délocalisent certains morceaux ou segments de la chaîne de production en plusieurs pays pour tenir compte des avantages de chacun d’eux.

Exemple : la fabrication de L’iPhone.

B. La nouvelle DIT : les flux mondiaux d’échange

La DIT traditionnelle attribue aux pays développés la fabrication des biens manufacturés et des services ; et aux pays plus pauvres, souvent les pays du Sud, la fourniture des produits primaires en général (produits agricoles, matières premières). Cependant, au fur et à mesure du développement des techniques, mais aussi des pays, la division internationale du travail se transforme. Ainsi, certains pays du Sud se sont mis à fabriquer les produits manufacturés courants (textiles, par exemple).

On parle alors de « nouvelle division internationale du travail » pour désigner la spécialisation actuelle des pays : les nouveaux pays industrialisés, asiatiques surtout, produisent aujourd’hui des produits manufacturés, y compris des produits haut de gamme. Les pays développés fabriquent surtout les produits technologiques et les services dont la production nécessite de hautes qualifications.

Aujourd’hui, des pays comme la Corée du Sud ou le Brésil exportent les automobiles, des missiles, des ordinateurs, etc. De même, un petit pays comme Taïwan (23 millions d’habitants) est le troisième exportateur mondial de produits électroniques et la quatorzième puissance commerciale du monde. Les pays les plus pauvres restent cantonnés dans les produits primaires à faible valeur ajoutée.