9. Les facteurs de croissance



I. La contribution des facteurs de production

A. Les facteurs de production

1. Les sources de la croissance

La croissance économique a comme origine l’utilisation et la combinaison de deux facteurs de production : le travail et le capital.

  • Le travail: la quantité de travail disponible pour alimenter la croissance dépend de la population active et de son taux d’activité : plus la population active est élevée, plus la croissance sera favorisée.

Le facteur travail peut également être apprécié d’un point de vue qualitatif: plus la qualification professionnelle des individus est élevée, plus la croissance est favorisée.

  • Le capital : le facteur capital, ou capital technique, correspond à l’ensemble des biens nécessaires à la production. Selon l’économiste Bohm Bawerk, le capital est un détour de production.

La formation de capital est le résultat de l’investissement.

On distingue la quantité de capital (machines, outillages, bâtiments…) et la qualité de ce capital (qualification professionnelle, motivation…).

L’augmentation de la production peut avoir pour origine l’utilisation d’une plus grande quantité de facteur capital ou l’utilisation d’un’ capital qui incorpore davantage de progrès technique. Elle nécessite une accumulation du capital plus rapide que la croissance de la population.

La combinaison des facteurs de production sera plus efficace en termes de croissance, pour une quantité de travail et de capital donnée, si l’on améliore l’utilisation conjointe des deux facteurs.

2. La croissance extensive et la croissance intensive

Pour que l’on puisse parler de croissance, le PIB doit augmenter d’au moins 2 % par an. Lorsque l’augmentation de la quantité de facteur de production est cause de croissance, on parle de « croissance extensive ». Lorsque l’augmentation de la productivité explique la croissance, on parle de « croissance intensive ».

Par exemple, pour faire face à la demande liée à un nouveau marché, une cimenterie augmente sa production en faisant faire des heures supplémentaires à ses salariés. Dans ce cas, la quantité de travail effectué augmente en proportion du volume de production. Il s’agit d’une croissance extensive qui résulte de l’accroissement quantitatif des facteurs de production.

Si cette même entreprise décide d’utiliser une péniche de 350 tonnes, au lieu de 200 tonnes auparavant avec le même marinier, pour transporter le ciment et que la durée du trajet reste identique, la quantité de ciment transporté et la production du service de transport s’en trouveront augmentées. On entre ainsi dans les économies d’échelle avec une croissance intensive qui résuite de l’amélioration de l’efficacité de la combinaison productive sans augmentation des quantités de facteurs de production utilisés.

B. Le progrès technique

Pour maintenir un niveau de croissance économique élevé, le système productif doit mobiliser des ressources économiques comportant un niveau de progrès technique le plus élevé possible.

Le progrès technique représente l’ensemble des innovations qui entraînent une transformation des moyens et des méthodes de production, des produits et des marchés.

Le progrès technique agit sur :

  • la productivité, en contribuant aux gains de productivité, en particulier avec la mise en place de processus de production innovants ;
  • la croissance, avec l’arrivée de nouveaux produits stimulant les marchés et favorisant la croissance économique par un supplément de consommation ;
  • le travail, en supprimant à court terme les emplois devenus inutiles à l’entreprise. De plus, en transformant le contenu du travail, il favorise l’émergence de nouveaux emplois sur le long terme.

Le progrès technique a longtemps été considéré par les économistes comme relevant d’une activité scientifique et technique extérieure à l’économie. Les théories modernes de la croissance montrent, au contraire, que ce progrès technique « ne tombe pas du ciel » (selon l’expression de Frank Hahn). Il résulte d’investissements spécifiques qui sont à l’origine d’enchaînements cumulatifs : les investissements en recherche et développement (R&D) entraînent la croissance, qui dégage des ressources supplémentaires pour l’investissement et la recherche. C’est ce que l’on appelle le « cercle vertueux de la croissance ».

C. La productivité

1. La définition de la productivité

La productivité correspond au rapport entre la production d’un bien ou d’un service et la quantité de facteur travail ou capital nécessaire pour cette production. La productivité est la mesure de l’efficacité avec laquelle une économie utilise les ressources dont elle dispose pour fabriquer des biens ou offrir des services.

2. La mesure de la productivité du travail

La productivité du travail reflète le volume de production généré par l’entreprise. Elle peut se mesurer par heure de travail effectué (productivité horaire) ou par personne employée (productivité par tête).

Toutefois, elle ne dépend pas uniquement de la performance de la main-d’œuvre. Elle est aussi influencée par les autres facteurs de production (capital et progrès technique).

En réalité, plus que l’importance des efforts fournis par les personnes qui travaillent, c’est le volume de capital. Comme les outils ou les machines, dont dispose un individu pour accomplir sa tâche qui a le plus de répercussions sur la productivité du travail.

3. Les gains de productivité

Les gains de productivité ont pour origine :

  • le progrès technique, avec l’utilisation d’outils de production de plus en plus économes en facteur travail ;
  • de meilleures conditions de travail, qui motivent les salariés ;
  • une organisation plus rationnelle du travail ;
  • un niveau de qualification des salariés, qui s’élève grâce à la formation professionnelle.

Les premiers bénéficiaires de ces gains sont les propriétaires du capital, avec l’augmentation du profit et des dividendes distribués. Les salariés peuvent bénéficier d’un accroissement de leurs rémunérations et les consommateurs d’une baisse des prix des produits concernés.



II. Le rôle des investissements dans la croissance

A. Les formes de l’investissement

1. Les objectifs de l’investissement

Un investissement peut avoir plusieurs objectifs :

  • produire le même volume à moindre coût en modernisant l’outil de production (par exemple, en remplaçant une machine par une autre machine plus performante) : c’est l’investissement de modernisation ;
  • augmenter l’offre pour obtenir un marché plus important (par exemple, en remplaçant une machine par une autre permettant de produire des volumes supérieurs) : c’est l’investissement de capacité ;
  • renouveler le matériel pour maintenir le niveau de production (par exemple, en remplaçant une machine par une autre machine, sans effet sur son volume de production) : c’est l’investissement de remplacement ou de renouvellement. Le plus souvent, un investissement de remplacement se fait avec une machine plus productive et devient alors un investissement de capacité.

2. Le rôle de certains investissements

Les investissements immatériels (qui ne portent pas sur des biens matériels : formation, achat de brevets, recherche et développement, acquisition de logiciels ou encore dépenses publicitaires) permettent d’améliorer et de diversifier des gammes de produits, et ainsi, de mieux s’adapter aux exigences des consommateurs.

La formation de capital humain, qui englobe les connaissances, les qualifications et des caractéristiques personnelles, contribue à la croissance économique en améliorant le rendement de l’individu au travail.

La recherche et développement (R&D) aboutit à la création de nouveaux biens et services, à une amélioration de la qualité des produits et à de nouvelles méthodes de production. Elle constitue une source essentielle du progrès technique et contribue à la croissance.

Les investissements en infrastructures développés par l’État ou les collectivités territoriales, réseaux d’électricité, d’eau, de télécommunications, routiers ou ferroviaires, favorisent l’implantation d’entreprises et facilitent les échanges internationaux.

Par convention, l’investissement en TIC est regroupé en trois catégories : logiciel, matériel informatique et matériel de communication.

B. L’innovation

1. Les catégories d’innovations

On distingue cinq types d’innovations :

  • la fabrication de biens nouveaux ;
  • les nouvelles méthodes de production ; -l’ouverture d’un nouveau débouché ; -l’utilisation de nouvelles matières premières ;
  • la réalisation d’une nouvelle organisation du travail.

2. Les cycles économiques

Un cycle économique se compose d’une phase de croissance (appelée « expansion ») suivie d’une phase de ralentissement (appelée « récession »), qui débouche souvent sur une phase de crise (appelée « dépression ») au cours de laquelle l’activité recule jusqu’à ce que se manifeste une reprise, qui débouche sur le cycle suivant. Chaque cycle est porteur d’innovations technologiques.

3. Les grappes d’innovation et la destruction créatrice

Pour l’économiste autrichien Joseph Schumpeter, le progrès technique est au centre de la croissance de l’économie. Les innovations apparaissent en grappes ou essaims : après une innovation majeure due à un progrès technique ou scientifique (par exemple, le moteur à explosion, les circuits intégrés, Internet, les nanotechnologies), d’autres innovations apparaissent, rendues possibles par ces découvertes.

On constate alors des cycles industriels où, après une innovation majeure, l’économie entre dans une phase de croissance (créatrice d’emplois). Ensuite suivie d’une phase de dépression, où les innovations chassent les entreprises « dépassées ».

Pour Joseph Schumpeter, une innovation est un processus qui détruit les activités anciennes et crée de nouvelles activités. Et ce, avec réallocation de main-d’œuvre.

C. Les incitations à investir

Les défaillances de marché en matière d’investissement conduisent les pouvoirs publics (État ou collectivités territoriales) à intervenir sous différentes formes :

  • le financement direct pour l’acquisition d’équipements. L’intervention publique est le plus souvent réservée aux entreprises qui présentent un intérêt certain pour l’économie ou, au contraire, à celles qui connaissent de graves difficultés. Dans certains cas, cette aide peut prendre la forme de prêts à taux bonifiés, la collectivité prenant à sa charge une partie des intérêts. Les aides directes à l’investissement ont d’ailleurs tendance à disparaître et à être remplacées par des incitations à la création d’emplois ;
  • des incitations le plus souvent fiscales pour favoriser la création d’emplois et la formation des salariés. L’une des priorités porte sur l’amélioration de la qualité et de la mobilité professionnelle de la main-d’œuvre ;
  • une participation directe par la mise en place d’un système portant l’effort de recherche et développement à un niveau nettement plus élevé (aides aux entreprises innovantes, augmentation des budgets des centres publics de recherche) ;
  • un encouragement aux entreprises innovantes (par exemple, en tissant des liens entre les universités et les entreprises à travers les pôles de compétitivité) ;
  • la création d’infrastructures répondant rapidement aux changements technologiques, en particulier en matière d’information et de communication (TIC) ;
  • la mise en place d’un système de protection de la propriété intellectuelle efficace.